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31 août 2008 7 31 /08 /août /2008 13:04


Le 29 juin 2008, la haute juridiction qu’est le Conseil d’Etat a rendu un arrêt dont on trouvera trace notamment dans Le Monde (n° 19738, samedi 12 juillet, p. 2).

Afin d’éviter tout dérapage et toute accusation désagréable sur un sujet sensible, je résume en citant Le Monde qui, je l’espère, ne m’en voudra pas pour cet exercice de copie ; j'ose croire que la Direction y verra une petite compensation pour le fait d’inciter, plusieurs fois par an, mes élèves sinon à lire, en tout cas à feuilleter très régulièrement le quotidien (… ainsi que quelques autres journaux).

Les faits et jugement de première instance : « Une Marocaine mariée à une Français et mère de 3 enfants nés en France s’est vu en 1ère Instance refuser, en 2005, la nationalité française, au motif qu’elle porte la burqa et que cela constituerait un 'défaut d’assimilation' »

« Saisi en appel, le jugement du Conseil d’Etat tient, également en quelques mots, manifestement pesés au trébuchet : cette femme 'a adopté, au nom d’une pratique radicale de sa religion, un comportement en société incompatible avec les valeurs essentielles de la communauté française et notamment le principe d’égalité des sexes' ».

… Dont acte…

Je sais qu’un jugement n’a d’effet qu’entre les parties, mais en Droit Public, puisque l’une des parties est l’Etat représenté par son Administration, peut-on considérer que désormais il existe des comportements qui sont un « défaut d’assimilation » ou sont « incompatibles avec la valeur essentielle qu’est le principe de l’égalité des sexes » ?

Le cas échéant, j’aimerais beaucoup que l’on m’indique à présent comment doit réagir un prof qui entreprend de dire à ses étudiantes de ne pas accepter, sans réagir, les plaisanteries sexistes et provocatrices de certains de leurs enseignants  J, qui rappelle à ces demoiselles le chemin parcouru par les femmes au moins depuis Louise Labé, qui brandit pour elles la bannière du MLF et qui entend alors une jeune musulmane lancer au beau milieu d’un amphi à majorité féminine en train de se lâcher contre les machos de tout poil : « parlez pour vous et les filles qui, ici, vous suivent mais, dans ma culture, ce n’est pas du tout ce que l’on enseigne aux femmes » (je garantis la quasi exactitude des mots tant ils m’ont remué) ?

Il m’a semblé opportun de lui donner la parole quelques instants (… nous étions totalement hors sujet de l’objet du cours : ce qui n’avait été, à l’origine, que boutade de ma part était en pleine dérive, mais le politiquement correct faisait loi). Nous avons eu droit au discours classique selon lequel le foulard (et mieux la burqa) est la libération de la femme, car cela la délivre de la convoitise de l’homme et la maintient dans la vertu (chercher l’inspiration de cette opinion par ex. dans Coran, Sourate Les confédérés, XXXII, verset 57). Bref, le propos habituel sur la femme casserole en or qu’il convient de masquer de la convoitise d’autrui et que me répéta, presqu’à chaque fois que je le croisais,  le muezzin de la mosquée d’un petit village en terre d’Islam où j’ai vécu près d’un an. Il voulait me convaincre de ne pas laisser aller et venir seule mon épouse dans les rues… Précision qui devrait faire école : elle avait, par respect pour la culture du pays d’accueil, adoptée la tenue locale, le pantalon bouffant, le chemisier et le sweet-shirt très larges…

Avant cet incident, j’avais eu, à peu près dans les mêmes circonstances, l’intervention d’un garçon qui, beaucoup plus agressif et provocateur, m’avait lancé quelque chose du genre : « faites ce que vous voulez avec vos femmes, les nôtres reçoivent d’autres principes qui sont les bons ».  Je n’avais pas eu à faire le moindre commentaire car l’amphi, toujours à large majorité féminine, avait dû le repérer. Ce sont ces demoiselles qui réagirent directement en le traitant de sexiste, macho et de bien d’autres noms d’oiseaux que la courtoisie élémentaire m’interdit de reproduire ici. Le souk dans mes cours ? Non ! Le simple droit à la parole et j’ai ramené l’ordre pour en revenir aux sujets qui étaient initialement les nôtres.

M’est-il permis de dire que lorsque sur le territoire français, je vois une femme vêtue d’une large robe noire des pieds à la tête, avec burqa, gants, je me sens mal à l’aise…  Puis-je ajouter que lorsque je vois un homme marcher main dans la main avec son fils avec, quelques pas derrière, l'épouse et les filles du couple, j’ai envie de lire la Déclaration des Droits de la femme ? Je ressens comme une provocation à l’égard des valeurs qui trainent dans tous les manuels scolaires de France et que, personnellement, j’ai tenté de transmettre comme l'un des principes fondamentaux de la vie à ma fille : ne laisse jamais un homme quel qu’il soit te prendre pour un paillasson. Puis-je ajouter que, face à ce type de spectacle, j’ai le sentiment d’un gigantesque recul dans l’évolution de la condition féminine ? D’ailleurs, à ce niveau, ce n’est même pas un recul mais une sorte de révisionnisme car, dans l’histoire traditionnelle de la France (et de l’Europe), jamais femme n’a dû se parer d’une semblable tenue d’invisibilité au motif d'assurer une paraît-il liberté et un rempart pour sa vertu face à des hommes qui, semblerait-il, ont des difficultés à contrôler leur libido... Il y a du "ça reptilien" non compensé par du "sur moi" qui zone au-dessus de vos têtes (euphémisme dicté par la pudeur), Mesdames et Mesdemoiselles J !!!

La France va devoir choisir entre imposer ses valeurs républicaines ou devenir un état composé d’une société multiculturelle, d’un état pluriethnique, avec des valeurs… des règles, des lois, des tribunaux (?) différents. Il faudra donc imaginer une nouvelle société avec des citoyens qui ne vivront plus ensemble mais cohabiteront avec des normes de vie non communes.

Ce choix, il conviendrait de le faire une bonne fois pour toute, car la solution du pas de vagues qui se pratique depuis des décennies du fait du politiquement correct est en train de nous éclater en pleine figure. L’intégration ne marche pas à 100% et la notion de Nation telle que Michelet, notamment, l’avait élaborée à la suite des idées de la Révolution, et sur la base de laquelle nous sommes supposés vivre notre citoyenneté est en train de prendre l’eau de toute part.

Comment gérer la situation ?

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