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10 juillet 2011 7 10 /07 /juillet /2011 16:17

OUI ! Je sais, mon texte est mal aligné ; pire, il part en tout sens. Les polices de caratère et les corps ne sont pas uniformes. Au moins 10 minutes que je galère pour tenter de trouver des solutions ... C'est sans (guère) de résultats. J'abandonne .

Ajout du 3 juin 2012 : un rapide passage à la page http://le-bosse-fort.over-blog.com/article-les-rumeurs-sont-parfois-mais-tres-rarement-amusantes-106294002.html pourra éviter de propager n'importe quoi... Quelle que soit le réponse à la question posée, il est clair je suis au courant du plagiat et m'en amuse ; c'est donc MON problème ; non ?

_________

Ajout du 3 février 2013. Je ne reprends pas le texte ci-dessous et me contente d'indiquer que la Judenrampe est illustrée page   http://le-bosse-fort.over-blog.com/article-la-judenrampe-lieu-d-arrivee-des-deportes-a-birkenau-2-114993059.html : La Judenrampe : lieu d'arrivée des déportés à Birkenau.

___________ 

Vrai : j’ai dit l’autre jour en cours quelque chose du genre dans les films, les trains de déportés qui arrivent à Auschwitz font très régulièrement des entorses à la réalité historique, mais ce n’est à mon sens pas très grave dans la mesure où les films entendent reconstituer l’histoire de la déportation ou s’en servir de cadre afin d’y situer une aventure et non reconstituer l’histoire des lieux eux-mêmes ; ce ne sont pas des documentaires topographiques.

Vous m’avez demandé des explications, je les ai rapidement données et vous êtes à présent quelques-unes à me demander des précisions.

Il fait un temps pourri, je n’ai ni copies, ni dossiers à corriger… et comme la retraite arrive (chut !) je ne pense pas que je vais me défoncer à re-re-re-re-re-faire des cours ; bref, phénomène rare : j’ai du temps !

Avant toute chose, je tiens à rappeler que je ne suis spécialiste ni de la Seconde guerre mondiale, ni de la Shoah, et que je me donne le droit à une certaine imprécision dans mes propos.

1.      Lorsque les films montrent l’arrivée de déportés à Auschwitz, il est à observer que la plupart du temps le spectateur ignore s’ils sont supposés arriver à Auschwitz I, Auschwitz-II (Birkenau)… voire Auschwitz III (Monowitz).

Si vous êtes perdu par ces précisions, voir par ex. http://d-d.natanson.pagesperso-orange.fr/3_auschwitz.htm

Le scénario reste presque toujours dans le flou et, le plus souvent, les images qui sont sur l’écran montrent un, cadrage de ce type :

   Interieur-reduit.jpg

Il est alors à observer :

·        Que cette vue correspond à Auschwitz-Birkenau, que les lieux représentés ne sont pas un passage obligé sur la route de la déportation dans ce secteur et que bien des victimes des nazis n’y sont jamais passés.

·         De plus, cette vue correspond non pas à l’arrivée, c'est-à-dire à l’entrée côté extérieurde Birkenau, mais côté intérieur du camp : pour voir cette construction, il faut entrer dans Birkenau, puis se retourner*.

Ce qu’auraient pu voir les déportés s’ils avaient été assis face à la route (… à la voie ferrée) et non entassés dans des wagons à bestiaux est ceci, qui correspond l’entrée de Birkenau vue de l’extérieur.

Extérieur réduit  

Bref, le cinéma joue avec les lieux, les adapte à ses besoins… N’est-ce pas Pierre Palmade qui lance avec humour, mais véracité, dans l’un de ses sketchs que le cinéma est du 24 mensonges / seconde ? (19 mai 2015. Un 'visiteur' me signale que l'idée initiale serait du réalisateur, producteur et scénariste Brian De Palma qui entendait contredire une affirmation lancée par  Godard, voir les premières lignes de http://lartdaimer.free.fr/num/4/palma.htm. Merci pour cette précison).

2. Les lieux sur lesquels débarquent les déportés sont presque toujours la Rampe de Birkenau (Bahnrampe), laquelle se trouve à l’intérieur du camp, à quelques mètres à l’Est de la photographie n°1 ci-dessus.

 

Je n’ai pas d’image personnelle de cette rampe… Il pleuvait à verses lors de mon passage, et perturbé par les lieux, j’avais l’esprit et les yeux ailleurs que derrière la visée de mon appareil photographique (http://le-bosse-fort.over-blog.com/article-auschwitz-et-birkenau-impressions-d-un-pelerin-1-73491567.html).

 

Je vous engage à aller voir 2 photographies : l’une montrant l’arrivée de déportés sur laquelle on identifie parfaitement les lieux http://www.ushmm.org/wlc/fr/media_ph.php?ModuleId=46&MediaId=2029 ;

 ou encore http://isurvived.org/Pictures_Isurvived/2Lustig-PICT/2MEGA_pict-album/15-mega.GIF 

 

l’autre montrant une vue générale faite de la tour de garde qui surplombe la porte d’entrée sous laquelle devait passer le train

http://en.auschwitz.org.pl/m/index.php?option=com_ponygallery&Itemid=3&func=detail&id=956#ponyimg http://en.auschwitz.org.pl/m/index.php?option=com_ponygallery&Itemid=3&func=detail&id=845#ponyimg 

 

 … Et puis zut au copyright !

 

Je m’autorise à scanner une photographie dans un ouvrage grand public que j’ai acheté au Musée d’Auschwitz I (et que je trouve assez bien fait) : Auschwitz, Résidence de la mort, Krakow, Oswiecim 2010, texte de Theresa et Henrik Swiebocki, photographies d’Adam Bujak, p. 47 (références complètes avec possibilité d’acheter l’ouvrage –il existe une version en Français- ici -> http://en.auschwitz.org.pl/m/index.php?page=shop.product_details&flypage=shop.flypage&product_id=43&category_id=4&manufacturer_id=0&option=com_virtuemart&Itemid=101).

 

L’image montre parfaitement les lieux et je ne trouve pas son équivalent sur le Web. Si Adam Bujak devait apprendre que je lui ai emprunté cette photographie et qu’il juge cet emprunt inadmissible, je la retirerai… à regret, car je la trouve fort descriptive, mais je la retirerai immédiatement.

 

Et puisque je suis en rupture de ban avec les ©, je mets les 2 photographies en cause, c'est légalement discutable, mais nous y gagnerons tellement en clarté. J'ose croire que les détenteurs de leurs droits le comprendront et ne me tiendront pas rigeur de mes emprunts... Merci par avance. 

 

montage-copie-1.JPG

 

Tel est donc le cadre qui est très généralement celui présenté par le cinéma lorsqu’il s’agit de montrer l’arrivée de déportés à Auschwitz, ledit cinéma ayant largement contribué à rendre ces lieux connus de tous (ou presque)** au point qu’ils font partie de la mythologie de la Shoah… et, me semble-t-il, c’est très bien ainsi. Il me paraît bon que l’horreur de l’Holocauste puisse être reconnue par quelques images simples, voire simplistes. Les clichés sont parfois bien utiles, étant entendu que rien n'interdit de les discuter.

Il demeure que, historiquement, il est faux de faire débarquer quasi systématiquement les déportés à Auschwitz en général, voire à Birkenau même en particulier, sur cette Rampe ; la Bahnrampe . 

C’est à cela que je faisais allusion l’autre jour en cours, et j’ai sous les yeux le texte que je tentais de vous citer de mémoire ; le voici dans sa teneur exact :

 

«  80% des Juifs exterminés n’entraient pas dans le camp[de Birkenau]. Ils étaient sélectionnés sur la Judenrampe qui se trouve complètement à l’extérieur du camp, entre Auschwitz et Birkenau, dans le prolongement de la gare d’Oswiecim. Aujourd’hui, terrain vague abandonné, elle est souvent confondue avec la rampe de Birkenau construite en 1944 pour l’arrivée des Juifs hongrois.

Les Juifs étaient sélectionnés à leur arrivée, sur laJudenrampe et ce jusqu’en mai 1944 »

 

Katy Hazan, Topographie-Toponymie (II) ; Les lieux d’oubli. Sur les traces de l’extermination, in Des voix sous la cendre – Manuscrits des Sonderkommandos d’Auschwitz-Birkenau, Le livre de poche n° 30657, p. 360, photographie de la Judenrampe en juillet 2000, p. 364

 

Combien de films sont-ils donc dans la plus totale des erreurs topographiques ou chronologiques... et même les deux à la fois ? ***

 

Mais, une fois encore, qu’importe… (enfin, c’est là mon opinion) ; il m’a simplement paru intéressant de rectifier la réalité puisque l’occasion se présentait l’autre jour, et rien ne vous interdit, bien au contraire, de faire suivre l’information.

 

La Judenrampe a été, depuis 2000, date des propos de Katy Hazan citée ci-dessus, incluse dans l’espace mémoriel du Musée d’Auschwitz, cela en 2005, comme l’indiquent J.F. Forges et P.J. Biscarat, dans leur bien utile Guide historique d’Auschwitz(Autrement 2011, pp. 92 sq.).

 

Cinématographiquement, les lieux n’offrent aucun intérêt ; j’entends que tout metteur en scène préférera la rampe de Birkenau qui, avec sa sinistre entrée coiffée d’une tour de garde tout aussi sinistre, autorise à créer facilement une l’atmosphère dramatique collant avec le thème du film.

 

A quoi cette Judenrampe (‘’Rampe des Juifs’’) ressemble-t-elle ?

Pour différentes raisons, je n’ai pu m’y rendre et n’en ai donc pas de photographie.

Pour illustration, voir par ex. :

http://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/t8501-le-musee-d-etat-d-auschwitz-birkenau-a-oswiecim-pologne ;

ou http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Birkenau_railway02.jpg

ou encore http://www.panoramio.com/photo/38687629qui offre l’intérêt de situer les lieux grâce à Google Earth.

 

Voyez que les lieux sont ‘’anodins’’ (dans leur apparence contemporaine, bien sûr !) et n’offrent aucune trace visible de l’usage de sélection et d’horreur qui fut fait d’eux du printemps 1942 à la mi-mai 1944 ; 500 000 Juifs y débarquèrent (j’emprunte ces précisions à J.F. Forges et P.J. Biscarat –ibidem-), dont les enfants d’Izieu (http://www.memorializieu.eu/spip.php) ainsi que, notamment, ‘’notre’’ Simone Veil, alors âgée de 16 ans.

 

A propos de Simone Veil, vous vous souviendrez peut-être qu’elle fut incarcérée à Birkenau en même temps qu’Anne-Lise Stern (http://www.psychanalyse-in-situ.fr/livres/ALStern.html) ; c’est cette dernière qui fut le témoin impuissant d’une scène horrible lors du débarquement de déportés sur la Rampe de Birkenau, celle illustrée ci-dessus.

Un enfant de 3 ou 4 ans qui venait de sortir du train avait soif. Gobelet en main, il s'approcha de ce qui était peut-être un robinet (A.-L. Stern ne voyait pas ce détail d'où elle était). Un SS genre père de famille à moustache, précise la narratrice, lui indiqua que le point d'eau n'était pas là, mais un peu plus loin devant, vers le bois visible en arrière-plan sur la photo ci-dessus empruntée à Adam Bujak. Avec un mouvement gentil, le père de famille, du moins en apparence, joignit le geste à la parole pour désigner du bras un bâtiment... Ce bâtiment n'était autre que l'un des deux crématoires installés de part et d'autre de l'extrémité de la voie ferrée,  devant le bois (voir J.F. Forges et P.J. Biscarat, op.cit., p. 133 ou, directement, A.-L. Stern, Essaim, Revue de psychanalyse, 4, pp. 49 - 50).

 

Face à de semblables situations, on conçoit que ‘’dire que tout le monde est coupable revient à dire que personne ne l’est’’ (Simone Veil, Une vie, éd. Stock, 2007)... et que ce n'est sans doute pas là une réponse suffisante. 

 

 

* ajout du 27/11/11 : la photographie vue ce jour sur Wikipedia comme montrant l'entrée de Birkenau (http://fr.wikipedia.org/wiki/Portail:Nazisme) a été prise sous le même angle que l'image ci-dessus ; il s'agit bien du porche d'entrée de Birkenau, mais vue de l'intérieur du camp.

 

* ajout du 9/12/11 : c'est par hasard que je passe sur http://jacobhistgeo.over-blog.com/article-expo-photo-panneau-6-sur-auschwitz-et-le-cinema-76875194.html ; faut-il en conclure qu'à l'instar de ce qui s'est produit pour La Liste de Schindler, la sinistre entrée de Birkenau a été plusieurs fois reconstituée puisque les Conservateurs semblent s'opposer à ce que des équipes de tournage travaillent dans le camp lui-même ?...

(voir encore http://jacotte26.forumactif.com/t22156-la-liste-de-schindler : http://www.allocine.fr/film/fichefilm-9393/secrets-tournage/ , § ''tournage en Pologne'')

On peut comprendre ce refus au nom du respect du site ; une équipe de tournage met très généralement un ''bazar'' peu compatible avec le silence qu'exigent l'endroit mais, d'un autre côté, l'argent dépensé pour ces reconstitutions ne serait-il pas mieux dans les caisses du musée qui doit faire face à des problèmes permanents de trésorerie pour la conservation des lieux ?... Je me sens incapable de me prononcer ; et vous ?

 

*** En ''zonant'' (surfant si vous préférez) sur l'Internet, je ''tombe'' sur un article assez intéressant qui fait la même constatation http://lesarchivesdeladouleur.wordpress.com/2011/02/20/oswiecim-auschwitz/http://lesarchivesdeladouleur.wordpress.com/2011/02/20/oswiecim-auschwitz/

Comme je vous sais très paresseux, je le cite '' Pendant la plus grande partie du fonctionnement du camp, les déportés arrivaient au niveau de l’ancienne gare de marchandise d’Auschwitz (la Judenrampe) et marchaient environ un kilomètre jusqu’à Birkenau. La voie a été prolongée au printemps 1944 pour terminer son trajet à l’intérieur de Birkenau, au plus près des dispositifs de gazage juste avant l’arrivée des Hongrois. La traditionnelle photographie où l’on voit des rails qui aboutissent à l’entrée du camp de Birkenau tel qu’il se présente aujourd’hui correspond donc à la configuration ultime du camp. Elle laisse croire qu’il s’agit de la voie de chemin de fer qui rentre dans le camp mais en fait elle est prise depuis l’intérieur du camp.''

 

(ajout du 27/11/11). La Judenrampe, c'est là que débarqua la jeune (14 ans) Ida Fensterzab le 13 février 1944 :

''Première sensation : un vacarme d’enfer, où se mêlaient le déverrouillage des portes, les ordres hurlés – Schnell ! Raus ! -, les aboiements de chiens, les cris des familles séparées. Quand l’arrivée se produisait de nuit, les projecteurs complétaient l’ambiance de cauchemar. Je crois que cela était voulu, cela faisait partie de la mise en scène. Plus tard, le train ira jusqu’à l’entrée de Birkenau, mais là il s’arrête en pleine campagne, environ 2.5 km avant le portail du camp. Le reste du chemin est fait à pied. Il y a beaucoup de neige par terre […] ''.

Plus loin, dans son témoignage, elle livre quelques indications sur la construction de la liaison Judenrampe (dans l'ancienne gare de triage) /  Birkenau :

’Liliane sera embarquée dans le pire des kommandos. Durant plusieurs mois du rude hiver, elle travaillera à la pose des rails qui doivent permettre aux convois d’entrer dans Birkenau jusqu’aux crématoires. Faute de gants de protection, l’acier glacé des rails colle aux mains des travailleuses et cause des plaies qui ne cicatrisent pas''

 

   Ida Grinspan (née  Fensterzab) & Bertrand Poirot-Delpech, J'ai pas pleuré, Poket Jeunesse n° J1123, Robert Laffont, 2003 rééd. 2010, pages 52, 52 et 54 ; page 72.   

 

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