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11 novembre 2014 2 11 /11 /novembre /2014 05:16

 

 

Mise à jour du 16 novembre.

 

Désolé pour ceux qui sont passés sur cette page et qui ont lu le billet que j'avais mis en ligne le 11 novembre.

Je viens de le supprimer, car il contenait une gigantesque erreur... donc ne pas colporter ce que vous auriez pu y lire, et repasser sur cette page d'ici quelque temps.

Quand ?

Je l'ignore.

Il faut que je reprenne le texte, et cela risque d'être long. Je pars demain en Ardèche et puis, surtout, la neige arrive et j'ai les spatules qui me démangent :)

@++

 

 

Voilà, c'est fait - billet mis en ligne le 25 novembre 2014

(j'ai été rapide ; non :) !?)

.

C’est trop mignon ;)

 

Il n’y a que des femmes (bonjour les filles ! Ravi d’apprendre que Marie a eu un bébé ; bizs à toi et au bambin, courage au papa pour te supporter au quotidien :), quant à toi, Sophie, bonne chance pour tes projets professionnels, et bizs également)  pour avoir assez de sensibilité et relever que Bob Dylan avec son Don’t Think Twice it’s All Right est décidément trop vachard avec son ‘ex’, qu’il est incroyable que moi qui suis un ‘gentil’ (sic ; si, si ! :) puisse affirmer que c’est la plus belle chanson d’amour que je connaisse et que mon récent et éventuel revirement fait plaisir à constater. Et de s’amuser comme de petites folles de leurs observations.

 

Je reprends plus doucement pour ceux qui se seraient perdus en cours de route.

 

Dans un post déjà un peu ancien, ‘Bob Dylan et Carla Bruni (bis)’ –(1)-,  http://le-bosse-fort.over-blog.com/article-bob-dylan-et-carla-bruni-bis-39002303.html, j’avais tenté d’expliquer pourquoi cette chanson me semblait être l’une des plus belles (LA plus belle ?) chanson d’amour que je connaissais.

 

J’y vois et y entends plus encore les cris acerbes de l’amoureux largué comme une vieille chaussette trouée par sa copine réelle ou imaginaire (je vais y revenir) qui, désespéré, mal dans sa peau, avec des nœuds acides et brûlants dans un coin de l’estomac et dans son âme toute entière laisse ses paroles déborder sa pensée en lui lançant et en lui déversant tout et n’importe quoi, à commencer par des vacheries à répétition alors qu’il aurait tout simplement voulu lui crier un ‘je t’aime’ qu’elle ne veut plus entendre… puisqu’elle l’a quitté  même si, dans le texte, c’est lui qui dit partir, probablement dans un sursaut de vantardise imbécile et d’orgueil mal placé d’amoureux meurtri ... When your rooster crows at the break of dawn, Look out your window and I'll be gone, You're the reason I'm trav'lin' on… (en cas de problèmes tant au niveau de la connaissance du texte que de sa signification, vous pouvez bien évidemment vous connecter sur le site de Dylan  http://www.bobdylan.com/fr/node/26063 et, pour une traduction, donner un coup d’œil par exemple sur  http://www.bobdylan-fr.com/trad/dontthinktwice.html )

 

Dans son Bob Dylan, Dictionnaire, Jérôme Pintoux (Camion Blanc Ed., 2013) insiste pour juger sans rémission que ‘c’est une chanson de rupture des plus machos’ (p. 90, et autres répétitions probables –(2)-).

Machisme ?

Où ?

Ma foi, chacun son opinion, mais a priori , j’y vois plutôt une outrance verbale d’un rare cynisme provoquée par une souffrance qui se transforme en une méchanceté bien affutée, bien ciblée et non dépourvu d’humour pour frapper là où elle fera mal : I once loved a woman, a child I'm told, I give her my heart but she wanted my soul

Ouf ! C’est joliment tourné, mais il n’y va pas avec le dos de la cuillère le Bobby, même s’il est possible / probable que tout cela soit à prendre non au premier degré, mais au second et que l’expression parfois proche de la haine signifie en réalité, je me répète à dessein, reviens, je t’aime toujours.

 

A mes yeux, ce texte est beau dans le désespoir de l’amant délaissé qui, pour ne pas pleurer et étaler sans pudeur sa souffrance, préfère hurler comme un chat écorché vif (quelle horrible expression pour laquelle je préfère rester dans l’ignorance de l’origine exacte… surtout si elle correspond à ce que j’imagine !) une douleur parfois proche de la haine.

 

La haine ; l’amour et la haine ont ici ou là parfois des points communs et peuvent entraîner des passions romantiques (… ou pas !). Dylan n’est-il pas ici qu’une illustration de la célèbre phrase de Henri-Frédéric Amiel pauvre cœur, que d'illusions t'ont bercé, que d'espérances t'ont caressé, pour finir par la haine  (dans son Journal Intime à rallonge –plus de 16 000 pages !-) ?

Son texte me rappelle également un peu les rapports conflictuels d’Edevard Munch avec Tulla Larsen qui feront dire au peintre alors que, sauf erreur, il présentait une toile assez torturée (La Mort de Marat, me semble-t-il…), ce combat entre l’homme et la femme que l’on nomme l’amour (pas de références, je suis bien incapable de me souvenir où j’ai lu cela, mais la phrase m’est restée en mémoire sans déformation je l’espère).

Dylan métamorphosé en un Munch de la littérature, ma foi, de temps à autre, pourquoi pas… mais alors avec un désespoir qui n’est pas dépourvu d’humour noir et qui, en tout cas, a l’incommensurable mérite de ne pas vouloir faire rimer amour avec toujours. Il est vrai que ce n’est pas facile en anglais ; il n’y a que le français qui, m’a-t-on dit (je ne peux le vérifier n’ayant aucun don pour les langues), offre ce bien étrange privilège :).

 

D’ailleurs, il le lui dit ce je t’aime toujours, reviens. Mais, bien évidemment compte-tenu de la teneur générale du texte, il en profite pour glisser une nouvelle rosserie : Still I wish there was somethin’ you would do or say To try and make me change my mind and stay.

En prime, il imagine qu’elle l’appelle effectivement, qu’elle le supplie presque même, mais, nouvelle vacherie, c’est lui qui ne veut plus d’elle ; contradiction de l’amoureux qui souffre et ne sait plus exactement où il en est : It ain’t no use in callin’ out my name, gal Like you never did before It ain’t no use in callin’ out my name, gal I can’t hear you anymore.

Je pourrais poursuivre pudiquement et énigmatiquement en indiquant que, pour des raisons personnelles, cette chanson me toucha particulièrement. Mais du fait de mon grand âge (oui… j’en ajoute une couche, vous me connaissez, j’adore l’outrance ironique et/ou provocatrice :), le papy que je suis peut bien à présent livrer à la cantonade l’un de ses souvenirs sentimentaux (est-ce là une initiative qui laisse entendre une ‘papyisation’ de plus en plus galopante ? :(.

 

Don’t Think Twice me toucha d’autant plus qu’à l’époque où la chanson envahissait les ondes et le pseudo-diamant de mon Teppaz, qui n’en était d’ailleurs pas un, il était beaucoup plus perfectionné :)…

... ‘Elle’ avait de longs cheveux blonds soyeux et si doux à caresser ou à s’amuser à coiffer avec ces gigantesques peignes gags qui étaient alors à la mode…

… ‘Elle’ était jolie comme une fleur de mai (l’expression consacrée est plutôt ‘fleur d’avril’, mais je préfère mai ; il y fait plus chaud et il y est plus facile de cueillir un bouquet de 101 roses :)…

… ‘Elle’ était d’une vivacité d’esprit rare, pleine d’humour et, en matière de vannes, je n’avais strictement rien à lui apprendre, c’est même elle qui parfois me clouait le bec ; si ! si !! Et haut la main encore :) !

Elle devait avoir un peu plus de 18 ans, je venais tout juste d’en avoir 17 et ‘cela’ durait depuis environ un an.

Tendrement, nous nous sommes dit au revoir. Je partais pour un stage linguistique de plusieurs semaines à Oxford (toujours aussi snob ; hein ? :).

Situation significative, au fil des jours, la réception de ses lettres (le téléphone cellulaire n’existait pas encore) s’espaça et, lorsque je revins en France, ce dont je me doutais un peu (beaucoup ?) se confirma. Ce traitre de rooster avait chanté : elle m’avait trahi (3) et ne voulait même plus me voir pour quelques mots d’explication. De toute manière, à quoi bon. Elle m’avait trouvé un successeur qui était bien plus âgé que moi, et selon toute vraisemblance, beaucoup plus mur.

Tout était dit sans le moindre mot.

 

Hé oui ! Dans l’art de la drague je ne connaissais pas encore http://m.youtube.com/watch?v=XM_oUJAhKsI. Ne manquez pas d’aller voir ; c’est fabuleux ! :). Le célèbre piège à filles, le truc tabou de Jacques Dutronc est à côté de la roupie de sansonnet,  et je suis certain que si je lui avais présenté cette botte secrète pour la reconquérir, je l’aurais au moins fait rire.

Pour le reste, j’en doute.

Donc, finalement, point de regrets d’autant que la vie a mis sur ma route une compagne avec laquelle j’ai partagé amour et quotidien sans doute beaucoup plus original que ce que j’aurais connu avec ‘Elle’.

 

Au jeu des probabilités il est bien peu vraisemblable que tu passes par ces pages, mais si cela était, t’es-tu reconnue ?

 

Ainsi va la vie…

 

Fin du paragraphe souvenirs nostalgico-romantiques ‘papyèsques’ canardesques.

 

Transfert de ma situation sur celle exprimée par Dylan dans son Don’t think twice  ?

C’est évident, et est également une évidence que tout ceci me conduisit à chérir cette chanson, et sans doute plus encore, à l’idéaliser quitte à la déformer ici et là pour m’y retrouver. Oh ! Ce n’est pas d’une grande originalité, « lorsque nous lisons un texte, qu'il soit contemporain ou ancien, nous relions son sens à notre expérience, nous lui donnons une valeur hors de son contexte d'origine », note avec pertinence Antoine Compagnon (Le démon de la Théorie, Littérature et sens commun, Seuil, coll. La couleur des idées, 1998, réédité en 2014, Poche, Points Essais, pp. 88-89 de l’édition de 1998). Et ce n’est pas là un scoop. Ainsi, le grand helléniste que fut Moses Finley a souligné que, dans l’Antiquité, lorsque les bardes chantaient Homère, il y avait un phénomène d’identification de la part des auditeurs ; ils vivaient les aventures des héros mythiques ‘par procuration, écrit-il avec usage de cette jolie formule (la barbe,  pas de références sur ce coup ! Il faudrait que je farfouille dans ma bibliothèque pour les retrouver ; vous vous contenterez des souvenirs que me livre ma mémoire,  ce doit être dans Le Monde d’Ulysse, 1954, rééd. Paris, Le Seuil, « Points-Histoire », 2000).

 

Les années se sont écoulées.

Comme on ne renie pas ses classiques, j’ai continué à écouter épisodiquement Don’t Think Twice en mettant un peu plus chaque jour entre parenthèses, jusqu’à presque les oublier, les valeurs personnelles que je lui avais attribuées.

 

Puis est venue l’heure de la retraite, l’heure qui permet enfin de faire ce que l’on a pas eu le temps de réaliser avant.

 

C’est ainsi que, curiosité qui allait faire ressurgir une partie du passé, j’ai pris le temps de lire Le Temps des Possibles, Greenwich Village les années 1960, de Suze Rotolo (Naïve, 2009) –je vous rassure, j’ai parfois des lectures plus sérieuses, quoi que ! :)- et que j’ai également pris le temps de regarder Vanilla Sky puis de poser un billet sur ce blog où il est question tant de Suze Rotolo que du film de Cameron Crowe ainsi que de la célèbre photo de la pochette de l’album Free Wheelin’ Bob Dylan  http://le-bosse-fort.over-blog.com/2014/11/pochette-de-free-wheelin-bob-dylan-et-sa-relecture-dans-vanilla-sky-jeu-cherchez-les-erreurs.html.

 

A la note 4 de ce post j’observe que Suze Rotolo, bien qu’elle se souvienne avec émotion de la passion partagée qu’elle connut avec Bob Dylan, n’en est pas moins lucide et, à ce titre, ne manque pas d’être critique (en ajoute-t-elle un peu ?).

Ainsi, évoquant les rosseries qu’elle adresse à son ‘ex’, j’écris (navré de faire une autocitation, ce qui est un peu prétentieux, mais c’est le plus simple pour la compréhension de ce billet) : « je vous recommande les pp. 270 - 271 où elle lance (et même balance) : " Ce n'est pas parce qu'ils sont extraordinaires dans leur domaine de prédilection que les artistes que l'on admire sont forcément des êtres exemplaires. Ce qui appartient au public, c'est leur art, et rien d'autre" (observation tout à fait similaire à sa p. 262)... Et vlan ! Prends cette flèche pleine de fiel dans ton cœur d'infidèle, car cette pique a pour cadre le récit (très pudique) de sa rupture avec Dylan, un passage (attention ce qui suit est FAUX) qui fait un peu office de réponse à Don't think twice it's all right, ma chanson d'amour préférée... bien que je ne sache plus si elle l'est toujours depuis que j'ai lu Suze Rotolo :(. »

 

Et nous voici au cœur du problème : que vient faire Suze Rotolo dans cette affaire ? Qu’ai-je trouvé (en réalité, ai cru trouver, voir plus loin) dans son livre capable de me faire éventuellement changer d’avis ?

 

Avant de répondre, il me semble opportun de procéder à un  rappel, à vous particulièrement Mesdemoiselles… pardon, Madame et Mademoiselle mes ex-étudiantes (oui, je sais : administrativement, il n’y a plus de (Ma)-Demoiselle, mais je m’en moque, je ne suis pas l’administration :), car nous en  avions abondamment parlé en cours d’histoire de l’art.

 

Rappel de cours pour mes Miss et mes ex-élèves.

En simplifiant au maximum (suivre éventuellement avec le schéma ci-dessous), il est désormais traditionnel de considérer que lorsqu’un destinataire reçoit d’un destinateur un message grâce à un canal quel qu’il soit (peinture, parole du quotidien, traité de philosophie… et même ‘horreurs’ dylaniennes :), cela se fait avec la connaissance généralement incomplète (ben oui ! il faut être franc et réaliste !) du destinataire (et parfois même du destinateur) vis-à-vis du créateur du message et du contexte dans lequel il vit ou a vécu. De plus, cette réception se fait avec la sensibilité du destinataire  laquelle, en prime, peut varier selon son humeur et la vitesse du vent :). Cela correspond à un référent comportant un sens dénoté et un sens connoté, afin de déboucher sur une appréciation… disons, un code qui permettra un retour (feedback)

 

Un peu simpliste ma présentation diront probablement certains.

Certes, mais on s’en contentera et en resterons là.

 

Si le schéma ci-dessous que j’extraits d’un PowerPoint de l’un mes cours peut aider à la compréhension (voilà qui vous rajeunira, les filles :), je le livre bien volontiers ; il correspond à la schématisation de la théorie de Jakobson, une allusion à un vieux problème de sémantique et de sémiologie, plus particulièrement, de polysémie.

Dylan et Don’t Think Twice it’s All Right : me suis-je fait rouler dans la farine ?

Ce schéma permet de réaliser aisément (enfin je l’espère :) que face à un message il peut y avoir différentes perceptions et, s’il y a une pluralité de destinataires, les récepteurs sont susceptibles de ne pas tous entendre la même chose ; le sens connoté de chacun peut provoquer tellement de bruits que chaque destinataire est capable de se jouer sa symphonie ou son vacarme personnel :).

 

C’est là un problème que connaissent bien tous ceux qui usent beaucoup de la parole et Don’t Think Twice peut être entendu au premier ou au second degré. Les deux solutions coexistent ; c’est l’évidence. De ce fait une nouvelle interrogation s’impose : qu’a voulu dire Dylan ? Lors de sa création, l’auteur entendait-il son texte un premier ou au second degré ?

 

Comme  l’a noté Antoine Compagnon (loc.cit, pp. 88 - 89.) les œuvres d'art transcendent l'intention première de leurs auteurs et veulent dire quelque chose de nouveau à chaque époque. […] Si une œuvre peut continuer à avoir de l'intérêt et de la valeur pour les générations futures, alors son sens ne peut pas être arrêté par l'intention de l'auteur ni par le contexte originel.

 

Il y a plus de 50 ans que Dylan a écrit Don’t Think Twice. La chanson est toujours écouté non seulement par des mamys et papys qui ‘nostalgisent’ éventuellement en l’entendant, mais également par des jeunes, une partie des jeunes pour être plus exact, exactement comme il y a 50 ans où seule une partie de la jeunesse écoutait Dylan et l’entendait avec la même double perception, la même polysémie.

 

Dylan passera-t-il à une postérité plus, voire très lointaine ?

Qu’en sais-je ? Ladite postérité répondra vraisemblablement en fonction des critères dégagés par Antoine Compagnon.

Dans l’immédiat, je pense que certains de ses textes (comme certains de ceux de Léonard Cohen) résisteront au temps du fait qu’assez souvent guidé par le talent (le génie ?) son inspiration puise dans des mythes bien classiques et donc bien pérennes dans la littérature, musicale ou non ; idéal de justice, trahison, etc.

 

Jérôme Pintoux, avec pour entrée ‘Textes forts’ (loc.cit., p. 282), a tenté de sélectionner les poèmes dylaniens  qui lui semblent les plus puissants. Seront-ils ceux qui passeront à la postérité ? Possible, mais j’y ajouterais alors au moins le désormais classique, mais toujours aussi bien formulé (simplicité et efficacité apparente, ce qui ne signifie pas, comme chez Brassens par exemple, que cette simplicité n’a pas exigé un lent travail de réflexion lors de l’écriture) Blowin’in the Wind et, bien sûr, Don’t Think Twice… pris au premier ou au second degré. Toutefois comme prise au premier degré la chanson n’offre finalement que très peu d’intérêt, je suis quasi certain que ceux qui nous suivront entendront dans Don’t Think Twice la douleur d’un amant exprimée avec de puissants et remarquables appels notamment à l’hyperbole et l’antiphrase, autrement dit à un sens au second degré, faute de quoi la chanson tomberait dans le cul-de-basse-fosse des ruines du château en Espagne de la ‘zik’.

 

Mais qui a raison, qui a tort dans ce débat sur la divergence d’interprétation du message ?

 

Deux nouvelles pages de PowerPoint d’un ex-cours ; de ces pages qui vous faisaient sourire, les filles. Et je peux bien le dire à présent : si souvent mes montages étaient spontanés, il demeure que j’ai parfois dû me creuser un peu les méninges pour réaliser des enchaînements qui vous amuseraient et capteraient, peut-être, vos esprits vagabonds…

Dylan et Don’t Think Twice it’s All Right : me suis-je fait rouler dans la farine ?
Dylan et Don’t Think Twice it’s All Right : me suis-je fait rouler dans la farine ?

Notez en passant que le ‘qu’a voulu dire l’auteur ?’ n’est pas tout à fait de moi.

 

J’en avais piqué l’idée à Antoine Compagnon (loc.cit., p.15) qui semble sourire de ces questions le plus habituellement lancées par le prof. de français ou de philo (ce qui en aucun cas n’exclut à 100% le prof. d’histoire ! :) et qui ont hanté des générations de potaches. « Comment comprenez-vous ce passage ? Qu'est ce que l'auteur a voulu nous dire ?...». Et j’engage tous ceux qui n’étaient pas du tout, mais alors du tout et plus encore d’accord avec l’une des interprétations donnée par un enseignant à aller jeter un coup d’œil à ce qu’il explique.

Ils tiendront leur vengeance :), même s’ils ne peuvent plus l’exprimer devant l’enseignant en cause :( car il y a longtemps qu’ils ont quitté les bancs de l’école :).

 

Cela dit, quelle réponse à la question ?

 

Aujourd’hui de manière (quasi) unanime, il est traditionnel de proclamer haut et fort que c’est la signification qui prime, autrement dit ce qu’entend chaque lecteur / observateur (et auditeur, bien sûr) : chacun interprète selon sa propre perception de l’œuvre selon le sens dénoté et son sens connoté personnel… Retourner au premier schéma si besoin :).

 

Bien évidemment, la réponse de principe n’interdit en aucun cas de s’intéresser au sens, à la pensée du créateur, et les enseignants (et les chercheurs plus encore) peuvent donc, a bon droit, persister à poser la sempiternelle question à leurs élèves :).

 

Je puis donc la poser ici sans être un diplodocus passé par l’une Portes des Temps Oubliés : à qui et à quoi pensait Dylan en écrivant  Don’t Think Twice ; bref, qu’a voulu dire l’auteur ?

 

Réponse sans ambiguïté : aucune idée… bien qu’il y ait des indices, mais comme ils sont fragiles, laissons tomber.

 

Réponse pleine d’ambiguïtés : probablement (ce n’est donc pas une certitude !) à Suze Rotolo, son grand amour de jeunesse, non lors de leur rupture définitive (comme je l’ai écrit à tort dans la version 1 de ce billet qui a été en ligne sur Overblog du 11 au 16 octobre),  mais alors qu’il était resté seul dans son appartement de West 4th Street, ce qui n’exclut pas bien sûr des déplacements, notamment pour des concerts, et que Suze Rotolo était partie pour plusieurs mois faire des études en Italie.

Précision : en aucun cas ils n’étaient fâchés ; ils étaient simplement séparés par quelques milliers de kilomètres et s’écrivaient régulièrement (Suze Rotolo donne pudiquement quelques extraits de ces courriers dans son Temps des Possibles, pp. 175 et s. avec en illustration une enveloppe et une lettre de son Bobby chéri)

 

En effet, selon ce que l' « on » croit savoir, Don’t Think Twice it’s All Right fut écrit en 1962, alors que Suze Rotolo était à Pérouse. Dylan, pris sans doute d’un coup de cafard, sombra dans un moment de masochisme romantique et s’imagina qu’elle l’avait quitté… A moins qu’il n’ait totalement imaginé et la jeune-femme, et la rupture ; à âme de poète rien d’impossible.

A observer : les notations faites plus haut selon lesquelles la chanson était destinée à une ‘ex’ imaginaire ou réelle dissimule une réalité assez confuse.

La chanson peut avoir été destinée à une ‘ex’ réelle ou totalement imaginaire, il semble bon d’insister lourdement sur ce point, mais l’on peut, avec assez de vraisemblance, supposer qu’elle s’adressait à une jeune femme qui en aucun cas était une ‘ex’, puisqu’il devrait s’agir de Suze Rotolo. Mais alors, la situation de rupture, elle, est totalement imaginaire.

 

A ma connaissance (si quelqu’un a des ‘infos’, me les faire suivre, ce serait sympa), jamais personne n’a pu faire définitivement pencher la balance en faveur de l’une ou l’autre des solutions  (4).

 

Alors qu’elle était en Italie, Suze Rotolo (loc.cit., p. 177) fait part à ses lecteurs d’une lettre de Dylan dans laquelle il lui dit avoir écrit et enregistré six nouvelles chansons, et il lui précise « tu es dans deux ». Il mentionne Bob Dylan’s Blues et Down the Highway, là où il lance (voilà qui fera plaisir à celles qui pensent que Dylan n’est qu’une grosses brute sans cœur avec ses copines) « Hé vous les filles à deux ou trois balles qui n’avez rien dans la tête, j’ai une vraie nana que j’aime et que j’aimerais jusqu’à la mort, alors dégagez… » (observons en passant l’agressivité, voire l’humour agressif, comme dans Don’t Think Twice, me souffle mon ressenti, mieux : ma signification).

Puis, dans le même courrier, il lui indique qu’ ‘elle est’ également dans une autre I’m in te Mood for You.

Pas de chance, pas un mot sur Don’t Think Twice.

 

Demander la solution à Dylan ? On peut toujours rêver…

Dylan, le mystérieux, il faut d’abord réussir à l’approcher, puis il faut capturer son attention et, même si ces deux conditions sont remplies, selon toute probabilité il ne répondra pas ou lancera une vanne à la Courbet présentant L’Atelier du Peintre : donner des explications assez nébuleuses et terminer par un ‘devine qui pourra’ ! C’est un peu le sentiment qui se dégage de la présentation que fit Dylan de Don’t Think Twice. Il déclara en effet que c’était « une affirmation selon laquelle on peut peut-être se dire à soi-même de mieux se sentir [...] comme si on se parlait à soi-même ». http://fr.wikipedia.org/wiki/Don%27t_Think_Twice,_It%27s_All_Right. Bref : cette chanson serait une sorte de souffle libérateur de son humeur mausade, de son mal être affectif. C’est soit évident, soit confus, pour ne pas dire 'ésotérique', mais cela ne fait guère avancer le Schmilblic.

A moins que, sait-on jamais, jouant les papys-bavards  (il est né fin mai 1941, il a donc 73 ans), il raconte comment un jour un 'people' lui avait adressé un clin d’œil un peu ambigu, qu’il avait avait traduit en mots ce message et avait considéré « qu’il me l’ait dit ou non n’a pas d’importance. C’est ce j’ai cru comprendre qui compte […] », reprenant alors un souvenir rapporté dans ses Chroniques (Fayard 2005, p. 54).

Ce que j’ai cru comprendre : voilà qui ramène à la prééminence de la signification sur le sens. Dylan considère-t-il qu’il faut appliquer cette solution à ses textes ou se sent-il trahi si l’on applique le principe de la suprématie de la signification ?

A défaut d’une réponse certaine, il faut donc tenter une approche par des moyens détournés.

 

Don’t Think Twice  reposerait sur une ligne mélodique que Dylan aurait empruntée à Paul Clayton. Sauf erreur, il s’agit de Who's Gonna Buy You Ribbons (1960). Il y a sans doute une vague inspiration, mais la mélodie de Dylan est au final bien différente (pour comparaison, la chanson de Clayton se trouve sur http://www.youtube.com/watch?v=k6vxyTM3fO4 ).
Par contre, il est vrai qu’il y a des emprunts au texte du même Clayton, et les trois premiers vers ont un parfum de Bien-Connu. Jugez vous-même “It ain’t no use to sit and sigh now, darlin’ And it’ ain’t no use to sit and cry now, It ain’t no use to sit and wonder why, darlin…”

 

Dylan plagiaire ?

Non, ce ne serait jamais tout au plus qu’une relecture, une adaptation.

 

Si je rappelle cette probable influence de Clayton sur Dylan, c’est que mon imagination m’a toujours incité à me projeter en imaginatio-vision un Dylan tout triste, tout désemparé par l’absence de cette chose la plus érotique qu’il n’avait jamais vue, selon sa formulation qui a fait fortune pour qualifier Suze Rotolo (Chroniques, pp. 280 – 281) et, 100% en mal d’amour de la femme aimée, prendre sa guitare, commencer à jouer Who's Gonna Buy You Ribbons et de se dire mais !!… Mais ?? Et la musique passablement transformée et les paroles lui sont venues en tête sur la base de It ain’t no use to sit and wonder why non pas darlin’, mais babe.

 

Se la joua-t-il alors romantico-agressif avec humour ou romantico-nostalgique cherchant à faire pleurer lui et la jeune femme visée ?

Approuvait-il véritablement ce qu’il écrivait ou s’amusa-t-il avec les mots que lui amenait son vague à l’âme ?

Avait-il à l’esprit Suze Rotolo, une femme imaginaire, une ex-copine… ou que sais-je encore ?!

Bien malin qui pourra répondre.

 

Il demeure que, au cours des jours suivants, il dut interpréter son Don’t Think Twice à son entourage, alors que Suze Rotolo était toujours en Italie. Et cet entourage perçut son mal être car Don’t Think Twice est peut-être / assez probablement visée par ce que rapporte Suze Rotolo.

 

Lors de son retour d'Italie (pp. 191 - 192), elle apprend en effet par des amis communs combien Dylan avait souffert de son absence. « Accusateurs, ils me chantèrent des chansons qu'il avait écrites, qui parlait de sa peine de cœur, et d'autres ballades qui disaient la cruauté d'une femme aimée. Les insinuations malveillantes lancées à mon encontre via des chansons et des paroles par les folkeux du village me blessèrent ».

 

Sauf erreur, je ne vois que Don’t Think Twice qui puisse répondre à sa mention « d'autres ballades qui disait la cruauté d'une femme aimée ».

Il reste qu’elle parle de ‘balladeset que dans les enregistrements de l’époque je ne vois pas non plus d’autres chansons dans lesquelles il est question de la cruauté de la femme aimée. Si elle a noté un pluriel, c’est ou bien que ses souvenirs la trompent (avec simplicité et franchise elle envisage elle-même plusieurs fois cette possibilité dans son ouvrage) et qu’il n’y en avait qu’une, ou bien qu’il y en avait effectivement plusieurs dont certaines qui n’ont jamais été enregistrées. Dans cette dernière éventualité, il devient alors impossible d’identifier avec une relative certitude la présence de Don’t Think Twice dans les chansons qui lui firent mal. Mais si elle en faisait partie, cela laisse entendre qu’elle l’entendit au premier degré puisqu’elle fut blessée… Voilà qui vous satisfera, les filles :).

 

Compte-tenu de la fragilité des hypothèses, il paraît inutile de tenter d’aller plus loin.

 

Demander des explications à son ‘Bobby d’amour’ (je plaisante car je pense que Suze Rotolo n’était pas assez niaise pour nommer ainsi le Bobby en question) était pour elle momentanément impossible puisqu'il était alors en Angleterre et 'quand il fut de retour, écrit-elle, ... nous rattrapâmes le temps perdu".

Point fin, épisodes suivants suggérés et censurés :), Suze Rotolo n'en dit pas plus, et c'est bien dommage non pour les épisodes en question, mais pour les chansons d'un Dylan en mal d'amour.

Elle ajoute simplement (ibid.) qu'elle était très secrète et qu'elle ne sut pas trop comment gérer cette intrusion dans sa vie privée.

Puis elle passe à autre chose car, selon l’évidence, elle était  beaucoup plus intéressée par les nouvelles ‘chansons engagées’ de son chéri, comme Masters of War, que par Don’t Think Twice.

Peut-être lui avait-il ‘traduit’ les paroles en les mettant au second degré, et peut-être même au troisième si le texte inclut des allusions que seuls les deux tourtereaux pouvaient comprendre.

 

Quoi qu’il en soit, Dylan enregistra Don’t Think Twice le 14 novembre 1962 (http://en.wikipedia.org/wiki/Don%27t_Think_Twice,_It%27s_All_Right?oldid=155185582)  et Girl of the North Country, une autre relecture dans laquelle il faut peut-être/ probablement  identifier Suze Rotolo avec ses  « hair hangs long If it rolls and flows all down her breast », l’Italie devenant un lointain pays du nord, qui à l’image de son cœur, était perdu dans un froid glacial,  le 24 avril (http://fr.wikipedia.org/wiki/The_Freewheelin%27_Bob_Dylan).

Et la photo de la pochette de l’album qui s’en suivit, Free Wheelin’ Bob Dylan, rendit hommage, cette fois-ci sans le moindre doute, à Suze Rotolo http://le-bosse-fort.over-blog.com/2014/11/pochette-de-free-wheelin-bob-dylan-et-sa-relecture-dans-vanilla-sky-jeu-cherchez-les-erreurs.html (5).

 

Ils restèrent ensemble jusqu’en 1964 (http://en.wikipedia.org/wiki/Suze_Rotolo). Il est toujours possible de se livrer à des pirouettes intellectuelles sans fin pour tenter de savoir si cette chanson imaginant une rupture en 1962 correspondra à une réalité de 1964, lorsque sonnera l’heure de leur vraie rupture, deux ans plus tard.

Mais comment le savoir et puis, quel intérêt… ?

Voilà, les filles…

 

Voilà, visiteur de passage sur ce blog.

 

Je ne me suis pas fait rouler dans la farine par Dylan ; je n’avais fait que l’envisager un instant, dans la note 4 de  http://le-bosse-fort.over-blog.com/2014/11/pochette-de-free-wheelin-bob-dylan-et-sa-relecture-dans-vanilla-sky-jeu-cherchez-les-erreurs.html alors que j’avais cru, à tort (d’où la disparition de la version 1 du présent billet), que Don’t Think Twice avait été écrit à la suite de sa rupture avec Suze Rotolo, ce qui donnait une toute autre dimension à la chanson du fait que Suze Rotolo fournit quelques éléments sur ladite rupture ; ces éléments  m’étaient apparus comme une sorte de réponse à Don’t Think Twice et Dylan, de même que sa chanson,  n’y apparaissaient alors pas toujours à leur avantage ! 

Je m’étais planté ; je n’ai en conséquence rien dit, rien écrit.

Il y a eu méprise de ma part car la vie des ‘pipeules’ me passe bien au-dessus de la tête et, sur ce coup, j’avais totalement zappé quelques notions élémentaires de la vie intime de Dylan, notamment au niveau de la chronologie.

 

 

Que répondre au final à mes deux ex-étudiantes, deux inséparables dans les amphis comme dans la vie, celles dont il est question dans l’ ‘intro’ de ce billet et qui explique son côté un peu hermétique ?

 

Leur répondre que "la façade d'un immeuble n'appartient pas à son propriétaire mais à celui qui la regarde", phrase qui est citée dans nombre d’ouvrages sur les arts pour signifier que l’observateur a toute latitude pour comprendre ce qu’il ressent face à une œuvre, sans se soucier de la pensée du créateur (6).

 

Après tout, lorsque je contemple une œuvre de Rembrandt, Monnet, Klimt ou Braque, je ne suis pas suivi par un camion de 30 tonnes transportant une bibliothèque (merci les Smartphones, ils sont quand même plus légers et maniables, mais le contenu de l’internet qu’ils véhiculent est-il complet, et les ‘bons’ ouvrages sont-ils accessibles ?) pour tenter de comprendre l’œuvre par le biais des motivations créatrices du peintre, et il est évident que, ici ou là, comme pour la chanson de Dylan, je me suis déjà extasié au-delà du raisonnable devant une toile, une sculpture, ce que je n’aurais peut-être pas fait si j’avais eu à l’esprit toutes les connaissances nécessaires pour juger en connaissance de cause, j’entends l’œuvre dans le contexte de sa création.

 

Mais ce type de jugement spontané, même s’il trahit la pensée créatrice de l’auteur, fait partie du jeu dans l’appréciation personnelle d’une œuvre d’art.

 

Qui me dira quelles étaient les pensées intimes du sculpteur de la Vénus de Milo, du créateur du buste de Néfertiti (surtout s’il s’agit d’un faux !) ou de Shakespeare écrivant Hamlet ?

Le premier choisit-il une coiffure en chignon retenue par un ruban car il rêvait de manger un œuf de Pâques en chocolat :), le second décida-t-il de lui donner des lèvres pulpeuses car il avait pour fantasme d’embrasser la jeune femme si le buste est authentique, ou d'embrasser les $ ramassés s’il est faux, et le troisième songeait-il au décès prématuré de son fils, Hamnet, en écrivant Hamlet ?

 

Et si cette réponse ne satisfait pas, il est toujours possible d’appliquer à la perception de Don’t Think Twice ce que disait sur les comportements pas toujours très cohérents de Dylan un autre des ses amours « j’ai été suffisamment intelligente pour comprendre que je ne le comprendrais jamais ».

Il s’agit de Joan Baez (Joan Baez dans ‘C à vous’ du 16/05/2014, La5 avec Anne-Sophie Lapix ; si besoin était, j’ai dans mes archives un enregistrement de l’émission car le replay encore en ligne http://www.france5.fr/emissions/c-a-vous/videos/dailymotion_x1vm0q7 ne comporte pas l’interview)

 

Bref, concernant Don’t Twink twice it’s All Right (et quelques autres textes d’ailleurs…), il est toujours possible de se répéter don’t think twice it’s all right… et d’en rester là, sans écouter la suite :).

Ne pas y penser car tout est bien ?

Cela rappelle un peu Voltaire et sa culture du Jardin de Joccupe-mon-esprit-pour-ne-pas-y-penser… Avec Dylan, il convient de cultiver le vide de l’esprit en se répétant que tout baigne.

 

 

En dernière analyse, il est à noter que j’ai attribué à Dylan une sorte d’humour, assez souvent noir et même black de ches Black.

Mes référents me le font ressentir dans plusieurs de ses chansons, dont, je l’ai dit plus haut, Don’t Think Twice.

A la réflexion, je me demande si ce n’est pas ma signification de plusieurs de ses textes car, en lisant ses Chroniques déjà citées, je n’ai vu que bien peu d’humour...

 

Vous savez quoi, les filles ? Je me demande si au niveau du sens, vous n’avez pas raison et si Dylan n’a pas écrit Don’t Think Twice en l’entendant au premier degré…

 

Ma foi, c’est comme vous le sentez ; c'est comme je le sens.

A chacun sa signification d'un texte.

 

 

P.S. Je profite de ces propos hésitants qui touchent la polysémie pour rappeler à mes vénérables ex-collègues (je sais que quelques-uns se promènent parfois sur ce blog) de faire très attention aux libellés des exercices qu’ils donnent à leurs malheureux élèves désorientés, car momentanément privés de leur préoccupation Number One : leur Smartphone :).

La polysémie, ou plus modestement ici la ‘bisémie’ :), bref le double sens possible d’un sujet proposé par un enseignant, est toujours possible et c’est généralement en corrigeant –et en constatant la multiplicité de ce qui apparaît au début comme des ‘hors sujet’- qu’on le réalise… lorsque l’on est pas trop borné (salut certains ex-collègues !!! :)

L’aventure m’est arrivée deux ou trois fois.

Je m’en suis sorti en pratiquant la solution la plus simple… et la plus formatrice : présenter la situation aux élèves et en profiter pour dire quelques mots sur la polysémie en question en l’introduisant par le biais des travaux de Ferdinand de Saussure.

Voilà un nom que les élèves n’oublieront pas de si tôt et, procédant du même niveau intellectuel que la lune qui n’est pas un satellite de la terre (si ! si ! après Nabilla et sa guerre mondiale de 78 – pour ceux qui auraient zappé http://www.youtube.com/watch?v=oHCz4ERTsO0 -, ne pas manquer ce tout dernier scoop bien caractéristique de la culture de ce premier quart de XXIème S. version génération Smartphone http://www.spi0n.com/ch-tis-w9-lune-satellite/), certains pourront demander si ce M. Chaussure est un parent de Mme ou M. ‘Sarenza(.com)’ (non ! non ! ce n'était pas de l'humour, si seulement cela avait été !...  et un enseignant n’invente pas des bulles aussi Hénaurmes, certains élèves particulièrement brillants s’en chargent pour eux ! = :) si vous avez de l’humour, autrement un très sérieux :( !!).

Hé ! C’est un fait établi : il faut toujours relier une connaissance nouvelle avec les acquis de son savoir.

 

(1) ‘bis’, car peu avant j’avais avant mis en ligne ‘Carla Bruni chante Bob Dylan, un scandale selon le Times’, http://le-bosse-fort.over-blog.com/article-34329936.html

 

(2) Je ne vais pas me transformer en critique littéraire, mais avant de l’acheter, j’avais pensé que ce Dictionnaire devait être un peu à l’œuvre de Dylan ce que le Brassens, poète érudit de Bertrand Redonnet http://le-bosse-fort.over-blog.com/article-georges-brassens-une-re-decouverte-par-un-gros-nul-119109651.html  est à celle de Georges Brassens. Déception. Ce Dictionnaire mérite d’être feuilleté au titre de la curiosité (non américano-anglophone, et même ‘dylanophone’ s’abstenir :), mais je suis grandement resté sur ma faim. De plus, il est bourré de répétitions (d’où la mention ‘p. 90, et autres répétitions probables’, car il est probable -je n'ai pas encore tout lu dans le détail- que l’auteur doit y revenir ici ou là ; exemple de répétitions ? Voir ‘Joconde’, p. 156, même texte sur près de 2 pages p. 258, et cette illustration est loin d’être la seule). De plus l’ouvrage est un peu fouillis du fait que les entrées du dictionnaire n’ont pas été, à mon sens, préalablement déterminées avec suffisamment de rigueur. On note également des oublis dont un qui m’a un tantinet chagriné. En France, lorsque l’on pense Dylan, une association avec Hugues Aufray s’impose instantanément ; il a largement contribué à faire connaître le poète américain dans notre pays, notamment en osant tenter des traductions –souvent avec Pierre Delanoë- dès 1965 (Aufray chante Dylan, http://www.huguesaufray.com/index.php/styles/33t/394-1965-barclay-80-289-s-33t ), tentative reconduite plus récemment avec Trans Dylan. On peut aimer ou sourire de New Yorker (2009 http://www.huguesaufray.com/index.php/styles/cd/321-2009-532-279-8-new-yorker-cd ), de son introduction, de certains des duos ainsi que du buste de Dylan que Hugues Aufray entreprend de sculpter dans un bloc d’argile sur la pochette du CD (assez reussi, non ?), mais le fait demeure : Dylan et Aufray sont intimement liés. Or, dans le Dictionnaire, se trouve une ‘entrée’ pour ‘Cabrel adapte Dylan’ (p. 64), mais aucune pour Hugues Aufray. Jérôme Pintoux évoque certes Aufray à plusieurs reprises dans son ouvrage, le plus souvent pour critiquer en bien ou en mal ses tentatives de traduction, tout en lui rendant hommage (ex. pp. 90-91), mais cette absence d’entrée à Hugues Aufray me 'chagrine' un peu malgré tout au nom de la réalité dylanienne dans notre pays.

 

(3) J’allais écrire ‘oublié’, mais j’ai préféré ‘trahi’ car cela me permet d’observer que je me suis toujours demandé si, en faisant chanter un coq au lever du jour (When the rooster crows at the break of dawn…), Dylan, dont les textes pullulent de références bibliques, entendait faire une allusion à Pierre et à sa trahison avant que le coq n’ait chanté (pour les nuls du niveau de nombreux candidats de Money Drop, v. par ex. l’Evangile de Matthieu, 26. 69). Ce qui m’ennuie un peu dans cette interprétation est que dans ce cas Dylan s’assimile à Jésus… Oui ! Pourquoi pas… Serait-ce une bulle entre la destinataire de la chanson et lui dont il nous manquerait les ‘clés’ pour la comprendre ?

 

(4) Comment savoir en effet ! Free Wheelin’ Bob Dylan  contient différents titres en rapport avec l’amour et les pistes sont bien brouillées. Ainsi en reprenant Corrina, Corrina entend-il s’adresser à une ‘ex’, à une copine imaginaire, à Suze Rotolo… à moins encore qu’à défaut de sa chose la plus érotique non disponible pour cause de séjour en Italie, il avait trouvé un ersatz ainsi prénommé pour s’occuper… à moins encore qu’il ne lui ait manqué un titre pour boucler l’album !

 

(5) Désolé ! Dans le billet http://le-bosse-fort.over-blog.com/article-bob-dylan-et-carla-bruni-bis-39002303.html  (j’y ai ajouté une correction) j’avais noté qu’elle avait été écrite à l’occasion de sa rupture avec Joan Baez. Confusion inadmissible ? Tout à fait, et en prime, c’est une évidence compte tenu de la chronologie des amours dylaniens (et ‘joan-baeziens’). Mais je dois avouer que je n’ai jamais été intéressé par les histoires de cœur et d’ 'ailleurs' des ‘people’, d’où ma confusion. Reprenons pour ceux qui sont dans mon cas : la jeune femme qui s’accroche au bras de Dylan sur la photo de la pochette de Free Weelin’ Bob Dylan. Quand à celle contre laquelle se déchaîna Dylan dans Don’t Think Twice it’s All Right poursuivre ou reprendre la lecture de ce billet :).

 

(6) J’avais toujours lu que cette phrase était attribuée à un critique artistique dont, curiosité, le nom n’était jamais précisé. Si j’en crois mon bon copain Mister Google, il s’agirait en réalité d’un proverbe chinois. http://cyberdilou.canalblog.com/archives/2010/10/08/19278181.html  ; http://lacoumette.over-blog.fr/article-la-fa-ade-d-une-maison-n-appartient-pas-a-son-proprietaire-mais-a-celui-qui-la-regarde-50520944.html . J’ignore ce qu’il faut en penser ; un critique artistique, a-t-il un jour repris ce supposé proverbe ?

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